jeudi 11 juin 2009

Schuld

Tu ne peux pas simplement te dire que les autres sont en faute, il faut que tu sois coupable. Il faut que tu ressentes que les choses auraient pu être autrement si tu l'avais voulu, vraiment, sincèrement. Si c'était réel que tu n'en voulais pas, si c'était réel que tu n'en avais pas un peu envie. Il faut que tu l'assimiles, la faute. Il faut que tu la mâches, que tu l'avales et que tes sucs gastriques te la fasse passer dans le sang. Que ça vive en toi et que tu ne puisses plus faire autrement que de t'en prendre plein la gueule. Que tu ne puisses plus rien ignorer. Que l'oubli ne soit même pas une possibilité pensable, une alternative possible.

Mais tu peux être aussi coupable de ne l'avoir pas trop voulu, de t'en être foutu un peu, de dire que c'est passé et que tu ne t'en souviens plus. Tu peux dire que ce n'est pas grave, on ne te croira pas et même et on dira que tout s'explique bien maintenant, ah ah. Tu peux raconter que tu n'as pas envie de le dire et que tu ne veux pas que ça soit mal pris. Tu peux toujours te camoufler, on prendra ça pour un traumatisme, un trouble, quelque chose à soigner ou à garder avec soi, même si au fond ce n'est pas normal et qu'on se demande bien ce qui a pu te faire en arriver là.

Tu peux prendre tout ça à la rigolade, ou extrêmement sérieusement, dire que maintenant tu trembles dès qu'un homme te touche, ou veut te toucher, ou pense à te toucher. Là on compatira et on poussera des « oh » et on fera rouler ses yeux. On se tordra de douleur sur nos chaises à te regarder te débattre comme une mouche dans un tube de néon tellement qu'on attendra qu'une chose c'est qu'on te ramasse à la petite cuillère et qu'on te mette dans un sac et qu'on y colle une étiquette.

Suivant.