dimanche 29 novembre 2009

Vélo

C'est une femme et un homme, qui dans le métro parlent fort et c'est elle qui tient le crachoir en forme de montées lyriques sur ses passions passées – pour l'instant. Comme les gorilles se sentent le cul, les homo metropolinus se racontent leurs amours d'avant histoire d'y mettre le bout. Pour la femme, il vaut mieux n'avoir qu'une ou deux grandes aventures à narrer, ça fait sérieux et hygiénique. Ça montre qu'on n'a pas peur des engagements. Qu'on saura faire fructifier le petit capital de l'intérieur des bourses, tirer toute la substantifique moëlle qui s'écoule blanche et seule. Car quand on aime on pompe.
Pour l'homme, à l'inverse, la conquête fait le tout. Plus tu en auras queuté, plus tu seras valable. Alors il faudra dire avec les doigts à faire tomber les bouteilles qu'elle tu l'as baisée, elle aussi, et elle pareil. Tu as d'ailleurs éjaculé sur son visage. Ça la fera pouffer et, la preuve, c'est tes grandes épaules qui même la nuit et devant un sauvage feront toujours barrage en armoire à glace. Sans oublier l'évidence : pour toi, même, il envisage de changer.
Elle raconte :
Qu'elle l'a connu jeune.
Qu'ils étaient très amoureux.
Qu'ils ont fait leur crise d'adolescence ensemble.
Qu'a bout d'un moment, il leur fallait aller voir ailleurs.
Qu'il a tiré le premier.
Qu'elle n'a pas supporté.
Qu'elle a beaucoup souffert.
Qu'en même temps elle a beaucoup grandi.
Que c'était un mal pour un bien (ça elle le répète toujours).

Et il est complètement d'accord avec elle.

lundi 23 novembre 2009

Escalade


Elle grappille deux trois détails au passage. L'enfance difficile, l'enfance miséreuse, l'enfance en parcours du combattant tellement dure et tellement qu'on se demande comment on a réussi à s'en sortir - bien du courage. Elle grappille et ça lui reste dans un coin de cerveau, comme un chewing-gum sec sur un mur, grisonnant, ça commence à faire son travail en sous-sol, ça se développe de soi-même, les petites pattes s'agitent et elle se dirait alors qu'elle la prendrait sous son aile, l'ex petite accidentée de la vie, que c'est ça qui lui donnerait tant de charme. Comme les insectes qu'on met sous verre pour se rappeler toujours et encore qu'il y a des contrées si retorses mais aussi tellement belles de grosses bêtes irisées qui bourdonnent. D'ailleurs il n'est pas impossible qu'entre deux mélancolies causées par l'augmentation du coût de la vie ou par la domesticité du quotidien qui nous tue, elle se dise qu'il est temps de se jeter à l'eau : d'aller voir les pays aux gros insectes et, si possible, en ramener des photos. 

Il dit d'un air tout neuf et tendu que c'est de sa faute, à elle, finalement, qu'elle n'avait pas besoin de chercher du travail, qu'il en avait assez pour en faire vivre deux, qu'elle aurait dû attendre et capitaliser du temps libre, lui mitonner des petits-plats, lui laisser desserrer sa cravate et enlever ses chaussures et parler des soucis réels, des soucis à lui. Il dit d'un air tout neuf et tendu qu'au fond c'est elle qui a amené lestress dans lecouple, que si elle s'était tenue tranquille et peinarde sans demander trop rien, l'appartement payé pour l'autre et les trois fellations hebdomadaires, on n'en serait pas là. 

Le dos au mur, dans le couloir des toilettes, il regarde les gens qui dansent et qui parlent, les trentenaires en génération de breloques, de sautes d'humeur et de gravité en étendard. La génération très au fait des problèmes sociétaux et des apories du vivre ensemble. La génération qui s'éclate et les soucis entre parenthèses, pour ce soir ça pour sûr. C'est que le gros événement qui s'annonce (elle descend ses deux pouces en V vers son ventre, si jamais son concept était par trop hermétique) va leur remettre les idées en place. Chambouler la routine, essayer de s'y préparer et toujours être pris en faux, parce que c'est ça qu'est beau.

Dans le square Bousicaut, madame et ses fourrures devisent d'un air concerné le petit miséreux. Dans le square Bousicaut, madame et son pauvre devisent de l'avenir du monde. 

Et c'est de la banalité qu'on crève.

dimanche 15 novembre 2009

Goutte

L'autre jour, je me suis endormie avec des théories sur le cerveau. Il fallait que je me relève, que je les note, que je les empêche de glisser dans l'oubli du sommeil, car je savais très bien que j'allais tout oublier, que ces pensées-là si fugaces et si fortes qui naissent avant de s'endormir, avant que le corps ne se tende une dernière fois dans la peur de tomber, avant que la conscience ne s'enfonce chaude et douce dans l'arrêt des fonctions supérieures, dans la mise en pilotage automatique des organes, poumons et cœur, foie et entrailles, vessie et pousse des ongles, la tête dans l'oreiller, activité cellulaire de l'épiderme, ces pensées-là s'en vont et ne laissent au réveil qu'un souvenir trouble, flou, comme pâtiné sous la pluie, écrasé, épaté, élargi, aux contours incertains. Il y a l'esquisse, rien de bien concret, différentes strates, de différentes fonctions, une idée, rien de bien méchant, mais tout me semblait lumineux et l'urgence de la pente endormie faisait, à tort, sûrement, suspecter des merveilles. Comme les lendemains de cuite à relire ce que tu as écris la veille, dans la fureur des lobes laissés libres. Et puis plus rien, ou puis rien de bien. A faire pfff.
Il faut toujours laisser un verre aux morts.

jeudi 5 novembre 2009

Un rêve

On était tous les quatre dans une forêt, avec de la boue, froide, et des ombres, des choses qui nous poursuivent, un air de déjà-vu oppressant et noir, des arbres décharnés, des visions au travers, des silhouettes au loin menaçantes.

Tout d'un coup, nous ne sommes plus que deux, lui et moi, enfermés dans un temple maya aux grandes marches de pierre, et des corps nus tout autour se préparent et attendant un sacrifice sûr et certain. C'est l'échange, du cul et puis la mort, obligée, c'est comme ça que ça se passe.

Moi je ne veux pas, je panique, je ne veux pas crever, surtout pas en échange d'une partouze débile. Lui, il s'excite, il crie « des seins des seins des seins », j'ai envie de le gifler pour lui faire comprendre ce qu'il perd au change et là il me dit : tu-ne-connais-pas-l'étendue-de-ma-misère-sexuelle. Mieux vaut ça et crever, mieux vaut ça et je saurai, mieux vaut ça car je n'en peux plus. Mieux vaut ça, des seins, des seins, des seins.

Il me suit quand même pour chercher la sortie ce demi-trouillard que j'ai tellement envie de frapper, si idiot avec ses yeux de hulotte et sa langue qui traînerait presque parterre, mais voilà qu'un coup d'épaules suffit et nous voici dehors, une double porte enfoncée et une lame d'eau balayant tout, les tuant tous, tous les autres, les corps nus, les partouzards, les goguenards : personne d'autre que nous deux vivants et lessivés au sol.

Du parvis de l'église que je connais bien, l'église des vieux cours de catéchisme où je tripotais des bites sous la table en rigolant comme une mongole avinée, le parvis du mariage de mon frère, les grains de riz et le sourire à l'envers, les photographies payées 10 000 sans même l'assurance de n'avoir pas de front gras au final.

Et lui, toujours à râler, toujours à vouloir y retourner, toujours tellement qu'un rappeur français obèse dans sa voix de poupon mal fessé vient nous chercher en jeep, et je le reconnais, et je sais qu'il va nous ramener dans la partouze morbide et lui aussi le sait : alors encore ses yeux s'écarquillent, et là vraiment je n'en peux plus.

Je lui colle une torgnole, tue le rappeur, nous voilà sauvés, et c'est moi qui conduis.

dimanche 1 novembre 2009

Bribes




...quand je vois ta poitrine rougir et frissonner, quand je sais que tu vas jouir, quand ta chatte s'ouvre, quand elle mouille, quand elle se contracte et se décontracte, quand mon gland est en feu et que cela m'électrise la bite jusqu'à la colonne

...quand tu ouvres les yeux, quand tu me regardes, quand tu as tes grands yeux bien ouverts et souriants, quand ma queue s’enfourne tellement au fond de ta gorge que tu ne peux plus respirer, quand tu hoquettes et quand tu pleures un peu, par réflexe, quand tu gobes mes couilles, une par une, puis les deux, et quand tu les fais rouler sur ta langue, quand tu avales à nouveau ma bite, quand j’attrape ta tête et tes cheveux et quand je ne peux plus faire autrement que de juter sur ton palais

...quand je rentre dans ton cul, quand il résiste un peu, quand il se resserre et quand il s’ouvre large, quand je rentre profond, quand mon gland te récure le rectum, quand tu te tortilles en gueulant

...quand j'ai la bite bien dure et quand tu jouis plusieurs fois avant que je n'éjacule, quand mon gland bien découvert est absorbé par tes muqueuses carnivores

...quand tu as envie de baiser n’importe quand, n’importe comment, n’importe où, quand tu sors ma queue de mon pantalon et quand tu te l’enfournes dans ta bouche

...quand tu gémis, quand tu cries, quand tu te lâches, quand tu me parles, quand tu réclames que je te foute dedans, que je te bourre le cul, que je défonce la chatte

...quand tu me suces, quand je vois les allers-retours de ta tête, quand tu as les yeux fermés, ou quand je ne vois que tes cheveux, quand tu gémis, quand tu jouis de la bouche et que j'imagine ta chatte humide, quand je sens le bout de ma bite effleuré par ta langue, quand tu me caresses les couilles ou le cul avec tes doigts

...j'aime bien.