jeudi 11 juin 2009

Mais non. Arrête tes conneries.

Il avait une cravate rose et lisait un livre gris. Une parka de loin qui pouvait ressembler à n'importe quoi, comme à une veste en velours d'où dépasseraient des poignets de Polonais, voire à un blouson en flacons recyclés de produit-chiottes. Trop attentif aux alentours pour être vraiment là, dans la rame anonyme de ceux qui se regardent en flou.

Il était du genre hyprasocial tu vois, les gens qu'ils touchent, les mots qu'il dit, à peine encastré qu'il te donnait déjà du on, de l'esprit d'entreprise, du rassemblement et du, au fond, nous sommes tous les mêmes et nous ne formons qu'un. Tel était son projet auquel réfléchir, dès que ses entrailles lui tiraillaient l'idée, au petit matin. Pas encore réveillé qu'il tressautait d'envie et de tâches à accomplir. Et tout cela c'était pour ton bien.

Et toujours ce sourire en fente vissé sur la gueule, un rouquin maladif supplémenté au bêta-carotène, un peu de sueur collée sur les temps (parce qu'il venait en vélo), une face pliée de type pas tout à fait laid, mais toujours assurément gentil. D'où les compliments qu'il se devait d'entendre. Ça c'est sûr.

A te ressortir sur commande toute la mélasse d'usage, comme les expériences à faire, et les débouchés à prévoir, et tous ces champs de possibilités pas encore exploités. A t'en donner le tournis d'imaginer qu'il pouvait adhérer à ses discours, sans recracher la sauce d'une programmation trop hâtive.

Car ça lui collait à la peau toutes ces belles formules, tout comme ses restes de dents arrachées au pied de biche.