samedi 28 mars 2009

Vanne

Rien à foutre, je lui dis, tu parles mais tu ne m’intéresses pas, tu es là, mais tu n’existes pas. Tu n’es rien, nada, quedalle, une poussière sur un escalier me ferait encore plus d’effet que ta pauvre tronche du mec qui demande pardon pour respirer. On devrait prescrire des avortements thérapeutiques tardifs pour des gus dans ton genre, ad vitam aeternam, avec des sacs poubelle 10, 30, 50 ou 200 litres selon la taille de l’évolution, tant qu’on peut encore ficeler le tout et balancer dans la Vologne, écouter les trois petites gouttes d’air qui s’expulsent sans faire exprès, à l’image de ta vie en somme.

Ca permettrait de rire et d’en faire des compétitions, de lester les colis à l’aide de réfrigérateurs, ceux qui ne sont pas encore aux normes environnementalement citoyennes, et polluer encore, et toujours, pour faire rendre raison de la gêne de ta gueule dans le paysage. On pourrait y mettre aussi des piles au lithium, quelques doses de soude caustique et admirer la tête des poissons se décrocher sur le ventre.

ARAB je lui dis, Absolument Rien À Branler, pas moyen de lui faire comprendre que le bruit qui sort de sa bouche m’est aussi insupportable que la tuméfaction putride d’un chancre infecté. Il continue et il insiste, il se demande même, encore une fois mais à voix haute, ce qu’il a bien pu faire pour mériter tant d’indifférence et de méchanceté – il ose le terme tellement il est du genre à ne pas avoir honte de pondre, à la minute, autant de conneries qu’une poule de compétition. Son orifice buccal s’arrondit et s’apprête, ses lèvres s’assèchent du vent gaspillé à foison. Oublier c’est humain, agir aussi, alors ferme-la ta grande gueule : avoir l’impression qu’un grand pas pour l’humanité s’accomplit via le petit pas de ta vie de minus.

Tu es si impuissant à la marche du monde, des choses que tu vois et dont tu ne peux rien. Ca te fout tellement les boules toute cette injustice et cette souffrance et ces incongruités qu’il doit bien y avoir un sens à tout ça, c’est impensable, tu ne le peux pas. Alors il se retourne et s’inquiète, parfois peut-être que ça viendrait de moi, c’est elle qui a un problème au fond, mais c’est quoi ton problème, il radoucit la cadence du bruit qui n’affecte en rien le rythme malfaisant des mots qui s’entrechoquent.

Tout bien réfléchi, il semble que l’équilibre ait été rompu et que tu cherches par tous les moyens à te donner une contenance.