
- t'as pas les couilles, t'as pas les couilles !
Il pérore, il invective, il crie et il lève les bras.
- t'as pas les couilles, t'as pas les couilles !
De l'autre côté de la voie, il hésite. Il penche son corps en avant puis se ravise. Son ami hurle toujours :
- t'as pas les couilles ! t'as pas les couilles ! mais sur le Coran ça va rien te faire, bâtard ! J'ai déjà vu les gitans, ils le font toujours, putain !
Il descend sur la voie et se colle contre le quai ; la marche est haute. Il avance et trébuche sur le ballast. Il fait demi-tour.
- t'as pas les couilles, t'as pas les couilles ! Mais putain bouge, j'te dis ya rien putain, ya rien putain !
Il se lance, le corps en avant, l'arrière du sac à dos qui grelotte il y va.
Car la voie était libre, enfin, à gauche.
C'est ce qu'on appelle la fuite des cerveaux.