mardi 10 mars 2009

Inter partes

Il y a deux millions de héros ordinaires.

Il y a trois cent mille employés invisibles qui gèrent l'eau, l'énergie, les transports et la propreté.

Il y a dix millions de personnes qui croient en la solidarité.

Il y a plus de trente-deux mille conseillers à votre écoute.

Il faut être attentifs, ensemble.

Ils ne veulent pas être des fourmis. Ils ne veulent pas être des animaux de laboratoire. Ils ne veulent pas qu'on les enferme dans des cages ou qu'on leur colle des étiquettes et ils ne veulent pas qu'on les observe. Ils ne veulent pas qu'on les mesure, qu'on les classe, qu'on les mette en rang, qu'on les compte et qu'on les numérote.

Ils sont libres, ils sont tous les mêmes et sont tous différents. Ils s'étalent, ils se touchent et s'observent. Ils ont chaud, froid, faim, ils se plaignent, ils sont heureux. Ils recommandent l'usage de la plus grande discrétion. Ils pensent qu'ils ont raison et que personne ne les prend au sérieux. Ils habitent des appartements, des maisons, des châteaux, des bouts de bois. Ils rient à gorge déployée, ils font des bons mots, ils disent que je l'ai bien cherché. Ils se montrent parfois du doigt, ils se trouvent, ils s'oublient ; se massacrent. Il leur arrive de mentir, par omission. Ils aimeraient bien aussi, mais n'ont vraiment pas le temps. Ils veulent qu'on soit avec eux ou contre eux. Ils font tout ce qui est en leur pouvoir, mais ça va être difficile. Ils ont honte, ils se demandent pourquoi faire ou si c'est bien raisonnable. Ils disent que ça ne pourra plus coller. Ils ont l'impression qu'on leur ment, que finalement rien n'a d'importance et ils peuvent être très tristes. Ils sortent, ils rentrent, ils vont en vacances, grandes transhumances de sacs, de roulettes et de stress. Ils ont des envies, ils décident tout sur un coup de tête. Ils font des breaks parce qu'ils sont épuisés. Ils aiment se poser. Ils demandent la permission : peut-être ou peut-être pas. Ils ont des secrets confiés à des personnes de confiance ; ils sont déçus. Ils réfléchissent à ce qui est bon pour eux ; ils veulent qu'on les comprenne. Ils s'arrêtent et regardent autour d'eux. Ils se mettent parfois en colère et pensent que tout doit changer. Ils s'entraînent, ils se rangent, ils se fixent, ils s'expulsent. Ils n'ont pas besoin de ce qu'on leur propose, car c'est vraiment ce genre de choses qui compte.

Mes enfants s'appelleront ver de terre.