dimanche 15 mars 2009

Scie

Et tous ces gens qui marchent à la queue leu leu tels de petits cercueils à roulette, ils s'esclaffent et disent que la mort finalement est belle et que tout a une fin. Et se tuer à te dire que tu ne vas pas mourir, et ne pas y croire, et te regarder à te faire sortir les yeux des orbites. Et oublier.

Ils marchent encore et encore, il s'agrippent, ils se mélangent, s'étirent et s'espacent. Sauve qui peut et tout, absolument tout sur le point de s'éteindre, et espérer encore, et faire des projets, et se dire dans dix quinze vingt ans. Se dire à demain à bientôt, faire tourner le carnaval et se demander pourquoi celui-là avec son masque de cochon en plastique n'arrive jamais à faire croire qu'il est un vrai porc.

Empiler, empiler, empiler, les ranger comme des sacs de sable, pousser du pied pour que ça rentre, tester les pics à bœufs, l'irradiation si ce n'est pas mieux. La route est longue et tous, main dans la main, ils avancent aussi lentement qu'une purée de poisse, la mécanique des fluides qui colle. Et tout le monde se lève encore quand on sait que tu vas crever, et le cadavre encore chaud ils te touchent pour tester tes réflexes et chercher à savoir si tu bouges encore.

Si vite arrivé qu'ils pourraient prendre peur.