Bruisser, chuchoter, passer le
flambeau. La flippe des primates qui veulent se réchauffer et se
créent de petites impostures à s'échanger à la veillée. Des
trucs pas vraiment vrais, des faits pas vraiment vérifiables, mais
des petites tapes sur le dos qui prouvent que tu en es. Des signaux,
des accointances, au-dessous encore du niveau du non-dit.
Il n'y a rien de bon dans leurs mots
qui dégorgent d'ennui, qui flottent de cette crainte d'être oublié
et de sortir du cadre où la vue se doit de n'être absolument pas
floue. Occuper l'espace et resserrer les rangs et épuiser l'oxygène
et condamner n'importe quelle possibilité d'une issue de secours. Il
faut poser sa marque. Il faut pisser sur les réverbères. Il faut
barbeler la plate-bande.
La personne que tu as toujours été,
celle que tu feins d'être devenue, j'aimerais lui arracher la
langue. Lui faire cracher ses calculs minuscules, ses intérêts
mesquins, ses obligations à l'existence fantasmagorique et exposer
ses mensonges comme on écorche un cadavre – la faire trébucher
quand tout ce qui lui importe, c'est de placer ses pions et
d'échantillonner, bien savamment, ses chasses aux sorcières.
Soupeser l'opportun.
Souscrire au subsidiaire.
Et soulever les sourcils.