Se sentir enfermé dans la vie. Se
sentir prisonnier derrière ses paupières. Je suis de ces gens qui
s'assoient toujours au bord des rangs, qui prennent toujours la place
la plus proche de la sortie, qui refusent d'être encastrés,
bloqués. Il faut toujours une échappatoire possible, même si elle
n'est qu'illusoire, même si elle n'est là que pour rassurer le
cerveau.
Mais des fois, l'horizon a beau être
dramatiquement large, c'est comme si le monde n'était qu'une seule
entrave et que moi, au centre, minuscule, je n'avais pas d'autre
choix que de m'enfoncer, m’affaisser, me laisser engloutir,
obscurcir par une prison aux murs verticalement infinis. A l'ombre,
sans fissure, sans défaut, sans grille à déchiqueter de mes
petites dents.
C'est une sensation bizarre de vertige
inversé. Le cri qui ne vient pas quand vous vous rendez compte que,
tout au loin et au-dessus de vous, rien ne jamais s'arrêtera. La
frontière qui appelle la frontière et le temps qui passe ne se
rattrape guère.
Il reste quand même dans un coin de ma
tête cette pensée bête, magique, que la mort ne survient que
lorsqu'on s'y résigne. Que lorsqu'on y voit une issue naturelle et
parfois souhaitable. Quand on arrête d'agiter les bras histoire
d'avoir toujours plus de place pour ne jamais cesser de respirer.