samedi 15 septembre 2012

L'actualité


On la comprend, quand même, l'humanité, à s'inventer régulièrement des histoires de fin du monde.

C'est que c'est agréable – rassurant – cette idée que, d'un coup d'un seul, les milliards de connards à peine descendus de l'arbre qui composent notre espèce soient dans l'obligation, subite, de bien fermer leur gueule.

Sans possibilité d'excuse.

Sans retour en arrière.

Sans je ne savais pas pardon c'est lui qui m'a traité en premier, sans éventualité d'apprentissage, sans leçon potentielle et même sans risque de faire pire (la prochaine fois).

Juste un trop plein et on arrête. Point. Rideau. Couvercle.

Au silence éternel les excités du bulbe, les piles thymiques, les branchés sur secteur pour qui la moindre scorie de résidu d'absurdité est un prétexte à se taper sur le torse, à montrer les dents, à tendre les poings et à hurler bien fort l'issue inespérée d'un épais ennui.

En regardant les cartes s'enflammer de petites étoiles furibardes, je pense aussi à ceux qui, titillés dans leur torpeur hypercalorique, s'imaginent réjouis qu'il se passe là quelque-chose. Enfin, persiflent-ils entre leurs lèvres, et en pressant fort sur leurs yeux pour se donner l'air redoutable.

mercredi 12 septembre 2012

Canalisations


Bruisser, chuchoter, passer le flambeau. La flippe des primates qui veulent se réchauffer et se créent de petites impostures à s'échanger à la veillée. Des trucs pas vraiment vrais, des faits pas vraiment vérifiables, mais des petites tapes sur le dos qui prouvent que tu en es. Des signaux, des accointances, au-dessous encore du niveau du non-dit.

Il n'y a rien de bon dans leurs mots qui dégorgent d'ennui, qui flottent de cette crainte d'être oublié et de sortir du cadre où la vue se doit de n'être absolument pas floue. Occuper l'espace et resserrer les rangs et épuiser l'oxygène et condamner n'importe quelle possibilité d'une issue de secours. Il faut poser sa marque. Il faut pisser sur les réverbères. Il faut barbeler la plate-bande.

La personne que tu as toujours été, celle que tu feins d'être devenue, j'aimerais lui arracher la langue. Lui faire cracher ses calculs minuscules, ses intérêts mesquins, ses obligations à l'existence fantasmagorique et exposer ses mensonges comme on écorche un cadavre – la faire trébucher quand tout ce qui lui importe, c'est de placer ses pions et d'échantillonner, bien savamment, ses chasses aux sorcières.

Soupeser l'opportun.
Souscrire au subsidiaire.
Et soulever les sourcils.