dimanche 15 juillet 2012

Couvre-lit


A partir de quand sait-on qu'on ne verra jamais l'Amazonie ? Les moussons, la Sibérie, le Pôle Sud ? Quand a-t-on la certitude qu'un trajet sera le dernier ? Qu'on ne rentrera plus chez, qu'on n'ira plus là ? Que les choses entendues, les odeurs, les surprises n'auront maintenant aucune répétition ? Est-il possible de garantir à l'avance et de manière infaillible qu'on n'apercevra plus un sourire, qu'il faut désormais s'évertuer à se l'imprimer sur la rétine parce c'est tout ce qui restera ? Les souvenirs, surtout ceux qu'on veut balayer, surtout les infaisables. Ceux qui résistent, ceux qui se chassent.

Peut-on se faire un tampon, une marque, cocher une case désormais c'est terminé ? Est-ce que cela calme, est-ce que cela remédie ? L'anticipation est-elle utile, profitable ?

Les gens aiment bien avoir des objets, des tickets, les mettre dans un coin précis pour ne plus y toucher même s'ils savent que tout est là. Et puis ça fait beaucoup de drames quand les reliques disparaissent. Le plus souvent c'est un accident, c'est par hasard : on oublie un robinet, un mégot, une fenêtre ouverte avec un gros courant d'air. Pas facile de prévoir, non, toujours pas.

Je n'ai pas été câblée pour concevoir l’irréversible. Je sens bien que ça me rend zinzin.