Il y a le monde où les femmes sont des anges à la patience infinie et les hommes des chiens fous brûlant leur jeunesse par tous les bouts. Un monde qui s'ennuie tellement où que faire d'autre à part compter les balles, un et deux divisées pour mieux régner et où d'autres soulèvent les fesses devant une façade murée. Il y a ce monde où les gens s'embrassent, comme dans les films, ceux qui pensent à la photo d'abord, le bustier bien en place, les mains là où il faut. Il y a ceux qui placent les souvenirs avant tout, avant même qu'ils arrivent, prêts à tout pour l'image qu'ils laisseront sur la cheminée, sur la table de nuit, ou dans l'entrée histoire de te mettre en condition quand tu leur rendras visite. Il y a ce monde où ils crient dans la rue, des paniers remplis et des paillettes sur le front – parce que c'est la tradition. Il y a ce monde où ils parlent pour ne rien dire, où le but du jeu consiste à remplir le silence, quoiqu'il en coûte, et où les mots n'ont pas le sens qu'on leur intime, en général. Il y a ce monde gavé à craquer, surchauffé et sec, de champs d'échardes et d'eau impropre à la consommation, ce monde où ils répètent à l'envi ce qui a été entendu la veille, et où ils étendent à l'infini des informations qui n'en sont pas.
Et parfois le bonheur me fait tellement mal au cœur qu'il en coule par les yeux. Ce qui ne tient à pas grand-chose, vous en conviendrez, comme ces filaments de salive tendus entre deux doigts. Ces choses fragiles, fugaces, fuyantes. Une musique, un texte, les deux qui se mélangent et la vue qui se brouille. La toute toute petite encadrée de noir, brute, à l'air, respirant, éclatant, avec les infirmes tâches de rose qu'on n'avait pas détectées, ni analysé, traité, passé au cerveau, remonté tout là-haut jusqu'à ce que ça fasse bing.
Sans demander son reste.