jeudi 25 février 2010
Impasses
Ils font des photos sur des polaroid pour de faux – ils les prennent avec leurs téléphones. Mais ça donne l'ambiance recherchée. L'idée passée, un peu racornie et voilée d'une vie qu'ils auraient voulu vivre avant et par super 8. Ils prennent des poses : il serait Serge, elle Jane, lui John, elle Yoko, ou encore Patti Smith. D'ailleurs depuis peu il s'est fait pousser la barbe et porte des t-shirts toute l'année, avec des dessins dessus. Elle c'est les shorts et les talons compensés. Elle enfonce sa tête dans son cou, fait tomber sa frange sur ses yeux, il fume des cigarettes en fronçant les sourcils.
Ils alignent les bouteilles sur les cheminées à moulure, les amis passent et les félicitent. Ils sont une sorte de modèle pour tout le monde, alliant l'esthétique à l'agréable, et méritent toutes ces images collées dans les coins des miroirs, un peu penchées, pas symétriques. Parce qu'il ne sont pas comme ça.
Ils crient à leurs fenêtres, ça les fait rigoler. Les soirs de foot, ça leur arrive de boire des bières et de se plier devant l'écran qui trône toujours au milieu d'un salon aux canapés blancs. Ils lèvent les bras, s'embrassent, transpirent. Vibrent.
Ils s'énervent aussi sur de la politique, sur les sous-verres des bars, mais sortent volontiers pour fumer, parce qu'ils calent leurs poussettes à côté des manteaux et font des yeux ronds sur leurs nouveaux bébés. Appelés de noms mythologiques ou littéraires choisis, souvent courts et simples à articuler.
Ils vivent des vies pastels qu'ils regardent à travers des filtres qui floutent. Roulent en boule sur les flancs des collines pour finir exténués. Du sang sur les mains. En dispersion rangée.