Il y a quelque chose de liquide dans tous ceux qui n'existent pas : ceux qui rentrent pour cocher leurs courses sur catalogue, qui allument la télé alignée au divan, ceux aux nounous noires et aux enfants blancs. Il y a quelque chose de rampant dans ces existences molles, des cheveux errant dans l'eau, des ventres mous, gazeux, comme une odeur de merde, aussi, dans leurs murs à moulures, leurs graines pour oiseaux savamment dispersées. Il y a quelque chose d'humide dans leurs réponses toutes faites, leurs gros yeux roulant, maman, comme une envie de conquête déçue, une saveur de nation. Il y a quelque chose de fondamentalement faux, dans leurs chaussures carrées, leurs mentons fuyants, leurs lunettes sans monture, leur souffle écrasant. Une chaleur en queue de rat, du malheur en tirelire, un peu de poudre, par petites touches, car point trop n'en faut. Il y a quelque chose d'amer dans leurs gestes cadrés, leurs cérémonies annuelles, leurs descentes aux flambeaux, des boucheries de chair, des corps qu'on entasse, ramassés à la pelle, un goût de caniveau. Il y a dans leurs fenêtres des meurtrières, larges d'adrénaline et coupées au couteau, des charnières invisibles, de l'humus – un peu trop. Il y a dans leurs escalades, leurs mélodrames sentis, leurs opinions prévues et leurs travaux forcés, quelque chose de mort, à bien vite enterrer.