jeudi 2 avril 2009

Description

Il sentait l’eau de Cologne, enfin cette sorte de parfum hyper fort du genre bombe à chiottes ou senteur de voiture. J’avais l’estomac vide et juste envie de lui vomir ma bile sur le coin du crâne sur lequel je voyais, de dos et un peu plus bas, cette manière de boursouflure en-dehors de l’oreille. Il avait des cheveux noirs plaqués, certainement coiffés dans son esprit pour ne pas ressembler à un as de pique. Il y avait mis quelque chose de collant dessus, de la gomina de l’ancien temps ou du gel, ou certainement aussi un peu de crasse mais je n’en savais rien. J’étais là à juger et à dévisager sans être vue, je ne m’imaginais rien sur sa vie puisque la vie que je lui imaginais était prompte à l’envoyer dans le décor pour de bon et sans machine arrière.

Il a sorti son téléphone qui sonnait et il l’a regardé un moment – décroche ou décroche pas, décroche connard ou coupe au moins cette sonnerie débile qui n’a d’équivalent que la puanteur que tu dégages et que tu prends pour un signe extérieur de séduction. Mais tu pues mon gars, ta boursouflure d’oreille pue, tes cheveux noirs de gras puent, ta parka bleu marine au col relevé et cravate dessous puent tellement que ça en devient étonnant que l’odeur ne te réveille pas quand tu dors.

Il a parlé je ne sais pas, il a dit un truc du genre « tu ne peux pas la manquer, c’est juste au milieu de la place ». Alors quoi dans ta tête des trucs aussi cons du genre « tu ne peux pas la manquer, c’est juste au milieu de la place » et ça sort de ta bouche et ça fait du bruit, et ça hésite pour arrêter la sonnerie, et ça ne s’auto absorbe pas toute cette pollution automatiquement tellement en trop.

Il faisait des mimiques de dos et je pouvais les apercevoir. Il décrivait les méandres et les feux à compter, les « ne t’embêtes pas l’important c’est que tu sois là » bien palpables avec toute l’ironie de tes pantoufles en mérinos qui importunent le monde.

Du grand n’importe quoi.