mercredi 15 avril 2009

Ding Dong

C'est comme si ça pouvait se calmer. Se mettre entre parenthèses, dans la poche, sous le paillasson. Pour un moment du moins, quelques heures tout au plus. S'anesthésier.

J'aimerais, cela dit. Parce que j'ai bien fait « chut » pour ne pas ruiner totalement d'un fou rire si cynique la cérémonie. Même si le maire s'est dit que ça serait une bonne idée de citer du Francis Cabrel là, maintenant, au milieu des briques et des mines déconfites des lignées consanguines (mais en habit). De même, à la remise du livret de famille, il s'est dit que ça serait une bonne idée d'offrir un livret de recettes de cuisine flamande, il s'est dit que ça serait une bonne idée de faire une blague, rapidement, comme ça, demander si c'est monsieur ou madame qui fait la cuisine - ah, bon, les deux ? -, il s'est dit que ça serait une bonne idée de montrer qu'on a beau se trouver dans un patelin perdu au ciel aussi bas que les fronts de l'assistance, on n'en est pas pour autant un ramassis d'arriérés phallocrates.

Faire bonne figure, se lâcher un peu, et profiter, et allez au diable car je vous déteste tous - c'était certainement un peu facile, et immature aussi, surtout avec 6 heures de bagnole dans les jambes, sous la pluie et les briques et la boue. Prendre toute expérience comme document, ça occupe de prendre des notes et permet aussi de faire passer la pilule.

Et tu chantes, chantes, chantes, ce refrain qui te plaît, et tu tapes, tapes, tapes, c'est ta façon d'aimer.

Il y a les lumières qui clignotent, qui tournent, plusieurs couleurs et des va-et-vient en rythme. Il y a les vieux qui ont pris des cours de danse de salon et qui dansent, et qui dansent toujours une sorte de danse rock bâtarde, parce qu'il ne savent pas danser autre chose, mais parce qu'ils veulent tout de même danser. Parce qu'ils veulent tout de même se fondre dans la foule et retrouver l'instinct adolescent du troupeau. C'est la convergence des catastrophes. Olé.
Il y a les sandales à talon de 3 cm, parce que c'est la fête et que la féminité festive passe par le port de chaussures à talons, mais pas trop hauts, il faut tout de même être à l'aise.
Il y a les camarades de corpo finis à la bière, les projections Windows Movie Maker (ce qui serait bien, c'est de faire défiler côte à côte les photos du couple, avec la musique d'Amicalement vôtre), les chansons détournées « et faites-nous un beau bébé », les discours, les étiquettes de champagne personnalisées (ça se garde), la déferlante d'émotion qu'on pourrait en graver des arbres et faire pleurer dans les chaumières tellement ça dégouline de nostalgie.

Il y a que tout est tellement triste, à commencer par la vie de ce Dj trônant sur le haut de sa scène comme un crâne trônerait en haut d'une pile à se faire picorer les orbites par des corbeaux.

Il n'y a pas à supporter le passé. Il n'y a pas à thésauriser sa mémoire. Le passé est forcément un échec, sinon, ce n'est même plus la peine de vivre. Car il n'y a aucune raison d'aimer les gens pour les souvenirs qu'on a d'eux.