samedi 16 mai 2009

Toutes des putes sauf ma femme

Là nous sommes d’accord, personne ne t’empêche de penser ce que tu penses.

Tu pourrais y aller franco et ne pas te retourner sans te dire que tu aurais dû parier sur le chien n°63 et que de toutes façons c’est complètement absurde de parier sur des chiens anorexiques qui poursuivent un faux lapin – ou un lapin mort, car de là où tu es, tu ne vois pas très bien. Mais la chose est faite et c’est maintenant trop tard.

Quand tu étais petit, ton père te disait toujours qu’il fallait que tu mûrisses tes choix, que tu te demandes vraiment si tu voulais ça ou ça ou encore ça et de te demander jusqu’au bout si ça allait te convenir et te demander si bien oui tu étais sûr de vouloir ça plutôt que ça et de bien réfléchir aux conséquences – et souvent à la fin tu tirais à pile ou face.

Il y a dans toute personne que tu rencontreras un être insoupçonné, quelqu’un que tu ne pensais pas possible et tu seras déçu. Alors il te disait aussi de faire attention et de te méfier, de bien réfléchir avant d’accorder ta confiance ou de dire des choses que tu n’aurais pas dû dire ou seulement à quelqu’un en particulier car les gens sont parfois cruels sans raison mais c’est juste que ça les rassure car ils se sentent exister en faisant du mal aux autres ; ils s’impriment dans leur existence pour se donner l’illusion que leur vacuité intrinsèque a bien plus de consistance (et ça tu ne le comprenais pas).

Ce que tu aimais bien faire, quand tu étais petit, c’était de t’inventer inventeur. De dire qu’il y avait plein de choses tellement utiles auxquelles personne n’avait jamais pensé et que tu pouvais devenir riche juste en en ayant l’idée, et recommencer jusqu’à l’infini et la fin de ta vie. Il suffisait juste d’avoir les intuitions de ce qui manquait dans la vie des autres en prenant évidemment la tienne comme modèle et les choses iraient d’elles-mêmes. Tu t’étais par exemple dit que ce serait une bonne idée d’inventer le fast sex et de la même manière que les gens ont de temps en temps ou souvent ou quand ça leur chante envie de manger au fast food et de manger chaud et de se remplir le ventre rapidement et efficacement tout en sachant qu’aux quatre coins du monde la même chose allait leur être servie – avec quelques variantes exotiques le temps des promotions à durée limitée -, tu pensais que de temps en temps ou souvent ou quand ça leur chante les gens avaient envie de baiser sans passer par des verres ou des dîners ou des semaines de drague et de conversations, qu’il y avait bien les prostituées (pour les hommes) mais que là aussi c’était compliqué, et qu’il fallait choisir et bien tomber, et faire attention aux conséquences et avoir peur des maladies – et qu’il y avait bien aussi des femmes qui avaient envie de se faire mettre avec un service clé en main.

Mais en dehors de toi et de tes trois copines nymphomanes, tu t’étais rendu compte à faire tes calculs et tes analyses prospectives que tu valais quedalle en termes de marché. Que les gens ils te disaient que l’intéressant c’est le jeu de séduction et les dîners et les conversations et les semaines de drague et les verres, que c’est cela qui apportait la consistance à la vacuité intrinsèque du sexe brut et qui faisait des souvenirs.

Pour devenir riche, il te resterait donc les lévriers, et tu avais grandi.