dimanche 17 mai 2009

En rond

Il avait une petite langue pointue de porc qui tapait sur l'arc de ses dents rapprochées. Il clignait des yeux aussi et personne ne savait véritablement, avec précision, qui il regardait. Des lunettes sans monture mais d'une épaisseur telle qu'elles déviaient son strabisme déjà conséquent.

Les yeux enfoncés sous un crâne avancé, des sourcils presque chauves, un front haut qui donnait sur des cheveux courts, grattants.

Il agitait de grands bras aux manches remontées. Il les agitait mollement, les articulations serrées, le stylo dans la main, présent, déterminé, les notes sous les yeux. Il parlait.

Je suis gestionnaire en management des risques en organisation de l'entreprise.

Il le sortait d'une traite, sans respirer, la petite langue de porc tapait sur ses dents, en mitraillette, tac a tacatac tac.

Son nez trop maigre à l'os trop court bougeait du bout quand elle ouvrait la bouche. Elle avait aussi de petits yeux, avec ou sans lunettes, je ne m'en rappelle pas. Elle était sèche, cachait son torse plat sous deux couches de vêtements qu'elle tirait sans cesse pour redraper ses reins. Elle disait vouloir, pourquoi pas, se couper un bras. Elle faisait le geste de la main sectionnant pour de faux l'articulation de l'épaule.

Encore un autre plus vieux, au crâne certainement plus blanc, même si la densité capillaire se rapprochait du néant, quasiment. Il parlait peu mais du nez en tout cas, et le corps penché en avant. Je me disais l'avoir déjà vu quelque part, bien que l'attestation factuelle ait obtenu sa note de réalité hautement improbable.

Rien ne se renouvelle jamais assez pour tout le monde.