samedi 12 septembre 2009

Porte-mine

Les filles ont la même tête, les garçons ont la même tête. Ils sortent en grappe, en bande, en ficelle. Elle va prendre de l'argent au distributeur automatique, il est derrière, il l'accompagne, elle lui donne un baiser sur la bouche, et elle lui dit "essaye de ne pas rentrer trop bourré". L'autre est toujours à attendre, un peu en retrait.

Il y a cette femme avec des jambes comme des allumettes et sa jupe supposément collante flotte, un peu comme le linceul d'un cadavre qui aurait maigri trop vite. Les fluides, c'est ce qui part en premier et parfois ça passe sous la porte, ça ruisselle sur les marches d'escaliers jusqu'à en avertir les voisins - parce que le paillasson colle.

Il y a aussi du sable vert et jaune sur les pavés, en contrebas, avec cette lumière un peu rasante à en tordre les immeubles, debout sur son pied bien fixe pour une mise au point en trompe-l'oeil. Le drap pour faire le noir, et la petite molette qui fait clic. Une sirène, au loin, qui alerte d'un changement brusque. Ça s'affole, ça patine, ça clopine dans le haut de la rue, les portières claquent et ça traverse les clous en trombe - c'est que la boutique ferme ses portes dans un quart-d'heure, nous prions notre aimable clientèle de terminer vos achats et de vous diriger vers les caisses.