vendredi 16 juillet 2010

Sans queue ni tête

Ce sont des cliquetis de vases, de fourchettes et de sucs gastriques. Des bols alimentaires en dissolution, des miettes surfant dans des tubes, des litres et des litres pour faire passer, éviter que ça remonte façon fourmis en expédition (« Salut ! » « Salut ! »). Le clinquant des paupières baissées pour l'occasion, et les bras levés de la victoire. L'érotisme, c'est de monter ces escaliers le début de ta faute, à te retrouver avec lui derrière toi sans personne. Tu n'aimes pas depuis qu'on te suive sur des marches et te demandes aussi pourquoi les portes de sortie sont en hauteur.

Vous parlez de quoi ? Tu ne t'en souviens pas ; la tête te grésille et tu t'interroges encore, à savoir pourquoi tu n'as pas hurlé, ou cassé un truc, fait du bruit n'importe quoi comme improviser un projectile de manière à ne pas, certes, voir ta caution remboursée, mais empêcher ce qui commençait et que d'un coup tout s'arrête. Rien à laver plus tard, à effacer, à rationaliser, à rassembler en images matérielles, à avoir le choix, à oublier. Peut-être te semblait-il si absurde de devoir te défendre, à ce moment-là.

Tu ne sais toujours pas et te dis que forcer les souvenirs ne serait pas une bonne chose, qu'il y aurait de l'incohérence, des questions en suspens, des lèvres mouillées ça va encore mais pas, non, cet élastique qui tire et la réalisation que l'avenir immédiat semble bien mal embouché. Le poids autrefois si léger, ta cervelle en terrain vague, attendre que ça passe, sa petite affaire terminée. Le voir comme un cadavre en action et devenir plastique, verre, boite automatique, chose pas là, fantôme. Une jambe en nuage sur laquelle se frotte un teckel. Tout au mieux un sujet à tourner en dérision, vu que c'est la dernière chose qu'il te reste.