lundi 29 mars 2010

Hameçon


Comme un odeur de poisson huilé transpire de ses gencives. Elle sourit, toujours, tout le temps, dès qu'elle tourne la tête et en croise une autre, ses lèvres se retrouvent et elle sort ses dents. Elle plisse les yeux la main sur les hanches, en présentoir, on pourrait y faire tenir un plateau sans problème. Ses globes oculaires s'étirent et sa bouche s'ouvre, un peu, en meurtrière blanche et brillante, les reflets des lunettes en plus.

Elle aiguise sa voix, fait la fragile, mime la dépendance et la moue, couine, caquette, conteste toute force et se roule en boule. Elle gratte de ses doigts courts les murs en meulière sur lesquels j'essuierais bien son visage enfantin.

Mais elle hausse les épaules aussi, l'une, puis l'autre, cligne, tchin, avance les bras, tente de l'attraper puis revient, applique les leçons apprises dans un manuel en feuillets – mais sans trop insister et sans en avoir l'air. Des paupières lourdes, un corps engourdi, elle dormirait bien là et tâte le moelleux des chaises longues, au-delà des portes closes. Le blanc de ses yeux soulignés, la concavité terne et l'amertume en berne, tout en elle paraît facile, ici, maintenant. Ses os pourtant cachés sous un dos rond.

Et la voûte du crâne étincelante.