On la comprend, quand même,
l'humanité, à s'inventer régulièrement des histoires de fin du
monde.
C'est que c'est agréable – rassurant
– cette idée que, d'un coup d'un seul, les milliards de connards à
peine descendus de l'arbre qui composent notre espèce soient dans
l'obligation, subite, de bien fermer leur gueule.
Sans possibilité d'excuse.
Sans retour en arrière.
Sans je ne savais pas pardon c'est
lui qui m'a traité en premier, sans éventualité
d'apprentissage, sans leçon potentielle et même sans risque de
faire pire (la prochaine fois).
Juste un trop plein et on arrête.
Point. Rideau. Couvercle.
Au silence éternel les excités du
bulbe, les piles thymiques, les branchés sur secteur pour qui la
moindre scorie de résidu d'absurdité est un prétexte à se taper
sur le torse, à montrer les dents, à tendre les poings et à hurler
bien fort l'issue inespérée d'un épais ennui.
En regardant les cartes s'enflammer de
petites étoiles furibardes, je pense aussi à ceux qui, titillés
dans leur torpeur hypercalorique, s'imaginent réjouis qu'il
se passe là quelque-chose.
Enfin, persiflent-ils entre leurs lèvres, et en pressant fort sur
leurs yeux pour se donner l'air redoutable.