mercredi 3 novembre 2010

Champignon

Ce n'est pas dans le cœur, que ça se passe, s'il fallait le situer quelque-part, ça serait plutôt dans la peau du crâne, à l'intérieur, quelque-chose qui pousse, qui n'a pas suffisamment de place, qui serait assise au milieu d'une grande pièce, la nuque pliée, douloureuse, acide, et pleine de regards tout autour, du haut, rivetés, comme des néons mal réglés, des mouches à l'agonie sur le dos, qui tournent, tentent de se débattre et n'ont certainement pas une quelconque conscience de l'absurde et du pilote automatique qui se met en marche, la bouche qui se ferme, les yeux clos, cousus, collés. L'écho étouffé des cadavres dans lesquels on s'enfonce, les deux pieds devant, les deux pieds dedans, la chair est trop molle, liquide, de plusieurs jours et de plusieurs mois de décomposition. On s'y essuie le dessous des chaussures, on le souligne, râpé, cloué, crocheté.

Trop en avaler à se déchirer la bouche, la mâchoire qui crie à l'aide, poussée, frottée, écartelée : sectionner en de nombreux petits bouts et en de nombreux endroits, faire en sorte que tout explose dès qu'on la tire même de nulle part, que tout s'effondre et qu'on en parle plus. Déblayé, rangé, casé, et il y en a beaucoup (un une plusieurs) à juger, estimer, soupeser, classer, avoir la bonne réponse à la bonne place, toujours au singulier, les tiroirs tirés, glissés, définis, le mot qu'il faut, le moment t, l'engrenage.

L'huile, en quelque sorte, celle qui fait coulisser les gonds des portes d'armoires.