dimanche 29 novembre 2009

Vélo

C'est une femme et un homme, qui dans le métro parlent fort et c'est elle qui tient le crachoir en forme de montées lyriques sur ses passions passées – pour l'instant. Comme les gorilles se sentent le cul, les homo metropolinus se racontent leurs amours d'avant histoire d'y mettre le bout. Pour la femme, il vaut mieux n'avoir qu'une ou deux grandes aventures à narrer, ça fait sérieux et hygiénique. Ça montre qu'on n'a pas peur des engagements. Qu'on saura faire fructifier le petit capital de l'intérieur des bourses, tirer toute la substantifique moëlle qui s'écoule blanche et seule. Car quand on aime on pompe.
Pour l'homme, à l'inverse, la conquête fait le tout. Plus tu en auras queuté, plus tu seras valable. Alors il faudra dire avec les doigts à faire tomber les bouteilles qu'elle tu l'as baisée, elle aussi, et elle pareil. Tu as d'ailleurs éjaculé sur son visage. Ça la fera pouffer et, la preuve, c'est tes grandes épaules qui même la nuit et devant un sauvage feront toujours barrage en armoire à glace. Sans oublier l'évidence : pour toi, même, il envisage de changer.
Elle raconte :
Qu'elle l'a connu jeune.
Qu'ils étaient très amoureux.
Qu'ils ont fait leur crise d'adolescence ensemble.
Qu'a bout d'un moment, il leur fallait aller voir ailleurs.
Qu'il a tiré le premier.
Qu'elle n'a pas supporté.
Qu'elle a beaucoup souffert.
Qu'en même temps elle a beaucoup grandi.
Que c'était un mal pour un bien (ça elle le répète toujours).

Et il est complètement d'accord avec elle.